Avez-vous besoin d'aide maintenant?

Nous n’offrons pas de conseils, de consultations ni de traitements en matière de santé mentale. Si une personne que vous connaissez ou vous-même êtes en état de crise, veuillez communiquer avec l’équipe d’intervention d’urgence de votre communauté locale. Vous pouvez également appeler la Ligne d’écoute d’espoir pour le mieux être des Autochtones au 1 855 242-3310, le Service d’aide téléphonique pour les jeunes Noirs ( Black Youth Helpline) au 1-833-294-8650 ou Jeunesse, j’écoute au 1-800-668-6868.

Prévention, intervention et postvention du suicide chez les jeunes

Le suicide est l’un des problèmes les plus tragiques et les plus préoccupants de notre époque. En tant que directions et directions adjointes d’école, il est important de comprendre la prévalence du suicide chez les jeunes et d’adopter une approche proactive de prévention et d’intervention.

Pourquoi est-ce important?

  • Les écoles sont particulièrement bien placées pour promouvoir la santé mentale, le dépistage précoce et la prévention du suicide. Cela se produit quotidiennement grâce à un soutien constant et continu à tous les niveaux.
  • Le personnel scolaire peut ne pas se sentir à l’aise de discuter du suicide parce qu’il craint de dire ou de faire la mauvaise chose. Un apprentissage plus approfondi dans ce domaine favoriserait la sensibilisation, les compétences et la volonté d’agir lorsqu’il aborde ce sujet complexe.
  • Le suicide chez les jeunes est un problème complexe qui est lié à un large éventail de variables et d’influences qui vont au-delà de la personne et qui sont aggravées par les inégalités sociales et raciales, ainsi que par les obstacles et les préjugés systémiques.

Recherche sur le suicide chez les jeunes

  • En Ontario, un élève sur six fait état de pensées suicidaires graves.
  • Bien que les taux de détresse mentale autodéclarée aient augmenté depuis 2000, le pourcentage de tentatives de suicide et les taux de décès par suicide ont été relativement stables au fil du temps.
  • En 2016 et 2018, le suicide était la principale cause de décès chez les enfants de 10 à 14 ans (19 % dans ce groupe d’âge) bien qu’il soit encore relativement rare (p. ex., 48 décès par suicide enregistrés en 2018 au Canada); l’automutilation intentionnelle était l’une des trois principales causes de décès de 2016 à 2020. Pour les adolescents de 15 à 19 ans, le suicide constituait toujours la deuxième cause de décès (après les blessures accidentelles) de 2016 à 2020, mais les chiffres bruts de ce groupe d’âge sont considérablement plus élevés (208 en 2020 contre 256 en 2018).
  • Vers l’âge de 9 ans, de nombreux enfants ont une compréhension approfondie de la mort et du suicide.
  • Qu’ils comprennent ou non les conséquences de leurs actions, les enfants peuvent envisager la mort comme une option pour mettre fin à leur douleur émotionnelle sans comprendre pleinement la finalité de leurs actions.
  • Pendant des restrictions de santé publique, comme les fermetures d’école lors de la pandémie de COVID-19, les médias ont signalé une augmentation de 200 % de l’utilisation des ressources communautaires comme Jeunesse, J’écoute, le volume d’appel étant passé de 1,8 million d’appels en 2019 à 4,2 millions en 2020; on a également signalé des augmentations de 20 % à 30 % pour les aiguillages en santé mentale vers des hôpitaux pédiatriques. Malgré cela, on n’a observé aucune augmentation de taux déclarés de décès par suicide.
  • Au Canada, les jeunes transgenres (âgés de 15 à 17 ans) sont cinq fois plus susceptibles de mentionner des idées suicidaires et 7,6 fois plus susceptibles de déclarer une tentative de suicide, comparativement aux adolescents hétérosexuels cisgenres. Pour les jeunes cisgenres, l’attirance pour le même sexe est associée à une augmentation du risque d’idéation suicidaire 2,5 fois plus élevée et 2,8 fois plus élevée pour le risque de tentative de suicide.
  • Les jeunes vivant dans les ménages parmi les plus pauvres étaient les moins susceptibles de déclarer une santé mentale bonne à excellente; ils étaient plus susceptibles d’indiquer qu’ils avaient sérieusement envisagé le suicide.
  • La prévalence du suicide chez les peuples autochtones du Canada est élevée et disproportionnée par rapport à l’ensemble de la population canadienne; elle est demeurée stable ou s’est aggravée dans certains endroits.

Comment les écoles peuvent-elles aider?

Passez en revue la politique de prévention du suicide chez les jeunes de votre conseil solaire ainsi que tous les documents de procédure qui décrivent des stratégies intentionnelles fondées sur des données probantes et bienveillantes couvrant l’ensemble du spectre de la prévention, de l’intervention et de la postvention. Le leader en santé mentale de votre conseil scolaire, ainsi que les professionnels de la santé mentale en milieu scolaire, les professionnels du conseil scolaire et ceux de la communauté, peuvent constituer une ressource importante pour soutenir votre apprentissage professionnel et celui du personnel scolaire dans ce domaine.

  • La promotion de la santé mentale est un élément essentiel d’une approche globale de la prévention du suicide. Le travail de votre école au niveau 1 contribue à la prévention du suicide.
  • Il est nécessaire d’entreprendre une sérieuse réflexion lorsqu’on envisage des activités de sensibilisation abordant spécifiquement le suicide au sein des conseils scolaires. Ce domaine de travail est extrêmement complexe et comporte de nombreux risques. Consultez le leader en santé mentale ou un professionnel de la santé mentale en milieu scolaire et familiarisez-vous avec l’Outil d’aide à la décision en matière de santé mentale dans les écoles : Initiatives liées à la sensibilisation de la santé mentale des élèves – Pour directions et directions adjointes d’écoles.
  • La prise de décisions doit tenir compte des meilleures recherches disponibles, des ressources accessibles, du jugement clinique et d’autres moyens (culturels) de savoir. Tenez compte des besoins uniques des élèves, en utilisant une position d’affirmation identitaire et adaptée à la culture qui, lorsqu’elle concorde avec des programmes fondés sur des données probantes, permettra non seulement de répondre aux besoins des élèves, mais également d’améliorer leurs résultats.
  • Lorsque vous prenez conscience qu’un élève a des pensées ou des idées suicidaires, suivez la procédure de votre conseil scolaire. Si l’objet de votre préoccupation est pressant (p. ex., risque de suicide ou de danger imminent pour autrui), agissez immédiatement pour activer les protocoles de l’école. Ne laissez jamais l’élève seul.
  • Un professionnel de la santé mentale qualifié est responsable de la réalisation d’une évaluation complète des risques, mais un membre de la direction ou de la direction adjointe de l’école peut fournir le soutien apaisant nécessaire afin de s’assurer que l’élève et les autres personnes sont en sécurité.
  • Si une évaluation complète des risques est effectuée, collaborez avec le professionnel de la santé mentale, l’élève et la famille pour créer un plan de sécurité à court et à long terme.
  • Lorsqu’un élève meurt par suicide ou tente sérieusement de se suicider, il s’agit d’un type unique d’événement tragique nécessitant une action spécifique, intentionnelle et réfléchie (souvent nommée postvention) au niveau du système et de l’école.
  • La procédure du conseil scolaire peut aider à s’assurer que votre réponse concorde avec les pratiques exemplaires pour les communautés scolaires qui font face au décès d’un élève par suicide.
  • Une étude canadienne (Colman, 2013) a confirmé que les jeunes (âgés de 11 à 18 ans) sont particulièrement sensibles à l’idée de suicide et que ceux qui connaissent quelqu’un qui s’est suicidé sont beaucoup plus susceptibles d’envisager ou de tenter de se suicider eux-mêmes. C’est pourquoi nous voyons parfois des groupes de comportements suicidaires dans une école ou une communauté.
  • Après un décès par suicide, les communautés scolaires sont à risque de comportements suicidaires supplémentaires pendant une période allant jusqu’à deux ans. Ces préoccupations de contagion soulignent la nécessité de stratégies de postvention intentionnelles et soigneusement réfléchies répondant aux besoins de chaque école. Le travail collaboratif de postvention implique les écoles, les parents, les aidants naturels, les organismes de santé mentale communautaires, les hôpitaux, les partenaires culturels et confessionnels.
  • La commémoration après le décès d’un élève nécessite une réflexion approfondie. Les décisions en la matière doivent établir un équilibre entre le désir de reconnaître le deuil et les impacts futurs sur les élèves et le personnel scolaire. Les monuments commémoratifs permanents ne sont pas recommandés.

Signes avant-coureurs de suicide

Les membres du personnel scolaire sont bien placés pour remarquer les signes de pensées et de comportements suicidaires. Parfois, les signes sont clairs, parfois ils sont plus difficiles à percevoir. La clé consiste à connaître vos élèves et à surveiller l’apparition de changements.

Changements dans les comportements typiquesEnjeux liés à la douleur et à la pertePrise de mesures actives
Diminution de la qualité des devoirs et baisse des notes
Rêveries

Abus de substances

Humeur sombre ou signes de dépression (tristesse, irritabilité, ne plus éprouver le même plaisir en pratiquant des activités préférées)

Sautes d’humeur soudaines

Négligence de l’apparence personnelle

Retrait de la classe, des activités parascolaires et de ses pairs

Changements dans les habitudes de sommeil ou d’alimentation

Absences inexpliquées de l’école

Comportement violent, rebelle, imprudent ou à la recherche de sensations fortes
Perte d’une relation importante

Décès d’un être cher, notamment par suicide

Perte de l’estime de soi (échec scolaire, non-réalisation des attentes)

Désaccord familial (divorce, abus de substances par les parents)

Antécédents familiaux de maladie mentale ou de comportement suicidaire
Déracinement et mobilité familiale

Maladie physique grave

Abus ou agression physique ou sexuelle

Maladie mentale

Conflit avec les pairs, manque de lien social ou vulnérabilité sociale
Devient soudainement extraverti alors qu’habituellement renfermé

Donne des objets de valeur

Parle ou écrit sur le suicide, notamment dans les médias sociaux, dans des journaux intimes ou dans des œuvres d’art

Fait des remarques verbales ou écrites sur le fait d’être un raté, un bon à rien, un fardeau ou d’être isolé

Collectionne ou possède des objets pouvant être utilisés pour un comportement suicidaire (moyens létaux)

Que faire si un élève vous préoccupe?

Les personnes craignent souvent que le fait de discuter du suicide et de poser des questions directes sur les pensées suicidaires risque de faire entrer ces pensées dans l’esprit d’un élève. C’est pourquoi beaucoup d’adultes bienveillants évitent le sujet. En fait, rien ne prouve que le fait de demander à quelqu’un s’il a des pensées suicidaires augmente le risque de développer des pensées suicidaires. Au contraire, parler du suicide montre que vous vous souciez de lui et que vous êtes disponible pour l’aider dans les moments difficiles :

  • restez calme, ou essayez de transmettre votre calme même si vous ne vous sentez pas ainsi;
  • nommez les signes ou les comportements que vous avez observés et qui vous inquiètent;
  • promettez-lui de respecter sa vie privée, mais ne garantissez pas la confidentialité;
  • demandez-lui s’il pense au suicide​;
  • écoutez activement, allouez des silences;
  • validez les sentiments de l’élève, mais pas ses pensées suicidaires ou son plan de mort;
  • rassurez l’élève en lui disant qu’il existe de l’aide et qu’il ne se sentira pas comme ça éternellement;
  • assurez une surveillance constante, même pour aller aux toilettes;
  • communiquez avec les autres membres du personnel au besoin, conformément au protocole de prévention du suicide de votre conseil scolaire;
  • soutenez l’élève en attendant une aide supplémentaire.

Voici quelques mots que vous pouvez employer.

Pour amorcer la conversation :

  • Hé, as-tu une minute? Je voulais juste vérifier et voir comment les choses vont.
  • Je te remercie de prendre quelques minutes pour me parler. J’ai remarqué que tu semblais vraiment stressé dernièrement. Est-ce que tu veux en parler?
  • J’ai remarqué que tu ne remets pas tes travaux. Ça ne te ressemble pas. Est-ce que tout va bien?

Pour parler du suicide :

  • Il semble que les choses soient vraiment difficiles en ce moment. T’arrive-t-il de te sentir stressé au point de songer au suicide?
  • T’arrive-t-il de te sentir si mal au point que tu songes à mettre fin à tes jours?
  • Parfois, lorsque les gens se sentent vraiment mal et qu’ils pensent que leur situation ne va pas s’améliorer, ils pensent à mettre fin à leurs jours. As-tu pensé au suicide?

Pour rassurer l’élève :

  • Cela semble très difficile, surtout que tu gères la situation seul. Mais maintenant je le sais et tu n’es plus seul.
  • Je veux le meilleur pour toi et je suis là pour t’aider. Je te remercie de me faire suffisamment confiance pour me dire ce qui se passe.
  • Je suis là pour écouter et je connais d’autres personnes dans l’école qui pourraient aussi écouter.

Si un élève révèle qu’il a activé un plan de suicide (p. ex., ingérer des médicaments ou des substances avec l’intention de mourir), il s’agit d’une urgence médicale et vous devez suivre le protocole de suicide de votre conseil scolaire et appeler immédiatement une ambulance. L’élève ne doit jamais être laissé seul – même pour aller aux toilettes – à moins qu’il ne soit dangereux pour vous d’être avec lui.

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