Les problèmes de santé mentale chez les élèves sont-ils en hausse?
De nombreux rapports indiquent que les problèmes de santé mentale des enfants et des jeunes se sont accentués au cours de la pandémie. Cependant, des rapports plus récents font état de rétablissement et d’espoir tandis que les jeunes retrouvent une vie quotidienne relativement normale.
Alors, voici la question qui se pose : Les problèmes de santé mentale chez les élèves sont-ils en hausse?
Réponse courte : Les données ne sont pas encore connues
À Santé mentale en milieu scolaire Ontario, nous suivons de près les données de recherche relatives à cette question. Nous recevons aussi régulièrement des nouvelles des conseils scolaires de l’Ontario par l’entremise du coach de mise en œuvre de Santé mentale en milieu scolaire Ontario et grâce à la collecte de données courantes. De plus, nos liens étroits avec les fédérations d’enseignants, les associations de directions d’école, les organismes de surintendants et notre équipe consultative du CODE sont d’importantes sources d’information. Bien entendu, nous sommes très attentifs à ce que disent les élèves, par le biais des ambassadeurs de ThriveSMH (Pros’pairs SMS) et grâce au sondage #ONecoute et aux forums d’élèves.
Résumé des données probantes concernant la santé mentale des jeunes
Les recherches menées au début de la pandémie étaient de qualité variable, car de nombreuses études étaient axées sur de nombreux sondages ponctuels, ne permettant pas de faire des analyses comparatives avec la situation qui prévalait avant la pandémie, et sur des échantillons de commodité (plutôt que représentatifs). Nombre d’entre elles ont fait état de taux élevés de détresse, comme on pouvait s’y attendre, compte tenu de la période de perturbation et d’incertitude dans laquelle nous nous trouvions.
Les hôpitaux pédiatriques ont constaté une augmentation brutale des consultations en soins de courte durée pour des problèmes de santé mentale, en particulier pour des troubles de l’alimentation et des problèmes de consommation de substances. Il apparaît que les personnes souffrant de troubles mentaux préexistants étaient celles qui avaient le plus besoin de soins urgents.
Dans les écoles, les taux de détresse en matière de santé mentale étaient les plus élevés pendant les périodes de confinement. Les professionnels de la santé mentale en milieu scolaire (psychologues, associés en psychologie, travailleurs sociaux, psychothérapeutes) ont réalisé des bilans de santé mentale et fourni de brefs services en matière de prévention et d’intervention précoce par le biais de soins virtuels (ou, plus tard, de services hybrides).
À mesure que les restrictions en matière de santé publique se sont assouplies et que les élèves ont retrouvé une vie scolaire normale, les symptômes liés à l’anxiété et à l’humeur maussade ont diminué. Des rapports récents regroupant plusieurs études de qualité supérieure indiquent que les adolescents et les adultes sont restés relativement stables, dans l’ensemble, ce qui donne à penser qu’ils ont fait preuve d’une certaine résilience face aux difficultés.
Les études sur la santé mentale des jeunes au niveau de la population ne donnent pas une image complète de la situation
De nombreux travaux de recherche ont mis en évidence les effets disproportionnés de la pandémie. Même si nous avons tous été confrontés à des perturbations, à des difficultés, à des désagréments et à des déceptions, certains ont été touchés plus durement que d’autres. En effet, les personnes et les communautés concernées ont dû subir davantage d’effets négatifs sur leur santé, des contraintes financières, des chagrins et des pertes.
- Les individus et les groupes touchés par les déterminants sociaux de la santé tels que la pauvreté, l’accès inadéquat aux soins de santé, le sous-emploi, le racisme et la marginalisation ont connu des problèmes de santé et de santé mentale plus graves que ceux qui jouissent de privilèges sociaux et économiques plus importants.
- Les élèves ont partagé d’innombrables histoires relatives à la lutte et à la douleur, à la déception, à la solitude, à l’inquiétude et à l’anxiété.
- Parallèlement, les parents et les aidants naturels, le personnel enseignant ainsi que les directions d’école et les conseils scolaires subissent des répercussions croisées. Lorsqu’un jeune est aux prises avec un problème de santé mentale, cela affecte les personnes qui l’entourent et qui tentent de lui apporter un soutien bienveillant.
- Lorsque dans une classe, et dans une école, plusieurs élèves souffrent de détresse mentale ou de troubles mentaux plus importants, les membres du personnel peuvent se sentir dépassés par la situation, car ils doivent gérer leurs préoccupations et leur bien-être personnels, tout en appuyant l’apprentissage et le bien-être des autres élèves.
Selon votre point de vue, les données au niveau de la population, données au niveau de la communauté, les données des services hospitaliers, l’expérience individuelle ou scolaire, vous obtiendrez une réponse différente à la question « Les problèmes de santé mentale des élèves sont-ils en hausse? ».
Avec le temps, nous pourrons revenir en arrière et répondre à cette question de manière plus définitive. Pour l’heure, plutôt que de proposer un discours alarmiste susceptible de déboucher sur des solutions simplistes et provisoires et risquant de faire perdre espoir, il convient d’apporter une réponse plus nuancée.
À Santé mentale en milieu scolaire Ontario, nous pensons qu’il est plus juste de dire que :
- Certains jeunes, en particulier ceux qui ont des problèmes de santé mentale préexistants ou qui sont confrontés à des difficultés plus importantes dans leur vie, à l’école et en dehors de l’école, souffrent de troubles mentaux importants nécessitant une intervention clinique aiguë ou continue.
- Certains élèves peuvent éprouver peut-être pour la première fois un sentiment de détresse passagère ou légère, sous la forme d’anxiété accrue, de solitude ou de détresse, ou encore d’humeur maussade. Un dépistage et un soutien précoces sont indispensables pour aider ces jeunes à s’épanouir.
- La plupart des jeunes se remettent relativement bien de la pandémie et mettent à profit ce qu’ils ont appris au cours des trois dernières années pour surmonter les difficultés qui pourraient se présenter à eux à l’avenir. La promotion continue du bien-être axé sur l’affirmation identitaire, le développement des capacités d’adaptation et les efforts visant à renforcer l’autonomie et le sentiment d’appartenance contribuent à garantir une évolution positive durable vers un avenir plus radieux.
De nombreux facteurs influent sur la santé mentale, c’est une question complexe. Les écoles jouent un rôle important dans la promotion d’une bonne santé mentale au quotidien. Dans les écoles, la promotion du bien-être, la prévention et l’intervention précoce demeurent au centre des préoccupations. Pour trouver des ressources qui vous aideront dans votre travail à l’école, veuillez consulter notre bibliothèque de ressources.
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