Avez-vous besoin d'aide maintenant?

Nous n’offrons pas de conseils, de consultations ni de traitements en matière de santé mentale. Si une personne que vous connaissez ou vous-même êtes en état de crise, veuillez communiquer avec l’équipe d’intervention d’urgence de votre communauté locale. Vous pouvez également appeler la Ligne d’écoute d’espoir pour le mieux être des Autochtones au 1 855 242-3310, le Service d’aide téléphonique pour les jeunes Noirs ( Black Youth Helpline) au 1-833-294-8650 ou Jeunesse, j’écoute au 1-800-668-6868.

L’importance des espaces d’affirmation : l’histoire de Saede

En décembre dernier, certains élèves de notre groupe étudiant ThriveSMH (en français : Pros’pairs SMS) ont participé à la Rencontre de leadership provincial de Santé mentale en milieu scolaire Ontario (RLP). La RLP est une rencontre semestrielle avec les équipes de leadership en santé mentale des conseils scolaires. Nous avons demandé aux élèves du groupe ThriveSMH de partager avec l’auditoire ce que signifie pour eux l’affirmation identitaire en matière de santé mentale. En répondant à cette question, Saede a partagé sa bravoure, son enthousiasme et sa persévérance dans le développement d’un espace d’affirmation avec et pour les élèves noirs de son école. Voici son histoire.

Cette narration de l’histoire racontée par Saede a été enregistrée en français par une actrice de voix hors champ.  

Bonjour tout le monde. 

Je m’appelle Saede et je tiens à vous raconter mon histoire. 

À la fin de l’année dernière, ma famille a pris la décision de déménager. J’étais assez nerveuse à l’idée de commencer ma dernière année du secondaire dans une nouvelle école.   

Tout le monde sait qu’en dernière année, la plupart des jeunes ont déjà un solide groupe d’amis. Et si personne ne me laissait rejoindre le leur?  

Et même si je pouvais me faire un groupe d’amis, est-ce que je serais obligée de changer qui je suis pour m’intégrer? Je ne pouvais pas porter du rose tous les mercredis. Je n’avais même pas de rose à l’époque. Mes pensées s’emballaient.  

J’avais entendu dire que le meilleur moyen de se faire des amis était les clubs, alors j’ai rejoint autant de clubs intéressants que possible. L’un d’entre eux était le club des élèves Autochtones et l’autre, Acceptation pour tous. Et même si ces clubs étaient des espaces prêts à affirmer certaines parties de mon identité, je sentais qu’il me manquait quelque chose.  

Afin de vous situer, j’arrivais d’une école où il y avait quatre à cinq Noirs dans une classe, mais dans cette nouvelle école, j’étais la seule personne noire de la classe. L’anxiété refaisait surface. Et je me suis demandé si la présence de Noirs parmi la majorité dans mon ancienne école expliquait pourquoi notre énergie se faisait sentir dans les événements? Que se passerait-il dans cette école où les Noirs font partie de la minorité? Je ne pouvais pas supporter l’idée que le mois de février ait une assemblée sur les mêmes héros noirs et que le reste du mois soit complètement ignoré… Je ne savais pas ce qu’ils faisaient pour le Mois de l’histoire des Noirs (parce que j’étais nouvelle), mais je n’étais pas prête à le découvrir! Le soir même, vers minuit, j’ai envoyé un texto à une amie noire que je me suis faite à l’école et je lui ai demandé : 

« Hé, est-ce qu’on a des professeurs noirs à l’école? » J’ai eu une drôle d’impression. Rien d’étonnant à cela. Ma question suivante était de savoir s’il y avait des professeurs blancs qui seraient capables de mettre de côté leur blanchité pour aider à promouvoir mon club – un espace bienveillant pour les noirs et leurs alliés. Un endroit qui ne les met pas dans un état d’hypervigilance. Je voulais créer un espace où l’ignorance pourrait se transformer en intelligence afin de créer un véritable changement. 

Parmi les deux personnes qui me sont venues à l’esprit, j’ai choisi l’enseignante qui dégageait une énergie vraiment positive. Je suis allée la voir cet après-midi-là. J’ai regardé une vidéo sur la façon d’accepter un rejet, j’ai tenté de dissiper mes doutes et j’ai retenu mon souffle. Je me souviens très bien lui avoir posé la question car je n’ai pas respiré jusqu’à ce qu’elle me réponde. Elle m’a dit que cette école avait besoin d’un club comme celui-là et qu’elle était très enthousiaste à l’idée. Après notre conversation, je n’ai pas senti la moindre trace de racisme, alors on a fixé une réunion pour le vendredi. 

À la réunion, elle a apporté des biscuits moelleux aux pépites de chocolat. J’ai failli ne pas y aller… j’avais les mains moites, les genoux qui tremblaient et les bras engourdis. J’avais l’estomac tout à l’envers et j’avais du mal à parler assez fort pour que tout le monde m’entende. J’avais l’impression d’avoir quelque chose de pris dans la gorge. Ensuite, la situation s’est améliorée. Je me sentais de plus en plus à l’aise dans les réunions, mais je suis toujours un peu anxieuse avant chaque réunion… ou c’est peut-être juste l’excitation! 

Ces jours-ci, le club est ma lumière qui éclaire mes jours sombres et le parapluie qui me protège les jours de soleil. 

Donc, pour répondre à la question, je dirais que je veux que les gens sachent que l’affirmation de l’identité prend de nombreuses formes. Il peut s’agir de choses importantes, comme le fait d’avoir des conseillers de différentes origines culturelles qui prennent vraiment le temps de nous comprendre, ou de choses banales, comme le fait d’avoir un espace sécuritaire où aller sans que les gens nous posent de questions ou nous jugent. Il peut aussi s’agir de choses plus modestes, comme des traumavertissements en classe avant que les enseignants parlent de certains sujets (personnels ou éducatifs) ou la création de devoirs alternatifs pour les élèves susceptibles de mal réagir face à certains sujets problématiques. Dans l’ensemble, il s’agit de donner de l’espace à chaque élève et d’avoir soi-même l’espace nécessaire pour accepter et utiliser les commentaires. 


Je veux remercier sincèrement les personnes qui m’ont énormément aidé tout au long de mon parcours, notamment mon amie Kayanna et la bibliothécaire qui dirige mon club, Mme McGregor.